La question est légitime car aujourd’hui encore, beaucoup d’entreprises, d’organisations continuent de fonctionner essentiellement en management hiérarchique. Or si celui-ci est nécessaire, il n’est aujourd’hui plus suffisant, compte tenu de l’évolution du monde économique et de la relation au travail que l’on constate depuis une vingtaine d’années. Le management purement hiérarchique, même s’il est déployé avec respect et bienveillance, ne permet pas de répondre avec efficience aux enjeux d’attractivité de l’entreprise, de fidélisation et d’engagement de la part des salariés.

Il n’est, pour autant pas question dans cet article, d’opposer ces deux types de management mais plutôt de les apposer pour créer une complémentarité pour un management respectueux et efficient.

Qu’est-ce que le management hiérarchique ? A quels besoins de l’organisation répond-t-il ?

Le management fonctionnel est un management non-hiérarchique, qui permet de rassembler des collaborateurs de l’entreprise autour d’un objectif commun. Un management lié à la fonction et non au statut ni au grade.

Autrement dit, le manager fonctionnel est amené à obtenir des contributions de la part de salariés appartenant à son équipe ou pas, qui peuvent se trouver à différents échelons hiérarchiques, pour atteindre l’objectif de sa mission ; mission dont il porte la responsabilité du résultat final.

Le manager fonctionnel n’est donc généralement pas hiérarchique des personnes sollicitées. D’ailleurs, celles-ci peuvent également être externes à l’entreprise.

L’absence de statut hiérarchique nécessite d’utiliser une approche managériale basée sur l’intelligence relationnelle essentiellement.

A quels besoins de l’organisation, le management fonctionnel répond-t-il ?

1) Un changement de paradigme économique mondial

D’abord, au changement de paradigme économique démarré au milieu du XXIème siècle et qui ne cesse de s’accélérer : une concurrence devenue mondiale avec le développement des outils numériques et des moyens de transport, des attentes de plus en plus exigeantes des clients qui bénéficient d’une multitude d’offres.

2) Une offre supérieure à la demande

Un contexte économique dans lequel l’offre devient supérieure à la demande d’où la nécessité pour les entreprises de devancer les besoins de leurs clients (ce qui nous entraîne vers la catastrophe écologique désormais inévitable ! mais ce n’est pas le sujet de cet article).

3) Des nouvelles attentes générationnelles

A des attentes et des rapports au travail différents de la part des générations Y, Z : plus d’équilibre vie perso, vie pro ; besoin de se sentir reconnu, respecté, utile dans leurs compétences et leurs missions ; besoin d’autonomie, de trouver du sens…etc.

4) Levier d’autonomie et de reconnaissance

 Le management fonctionnel, déployé pertinemment, répond au mieux à ces attentes. En sortant d’une organisation en silos pour aller vers une organisation matricielle, il facilite l’autonomie, la responsabilisation, la reconnaissance des compétences.

5) La complexité et l’interdépendance des compétences

La complexité des organisations en mode matriciel éclaire l’interdépendance entre les compétences et les talents présents dans l’entreprise et la nécessité de manager cette complémentarité pour répondre aux enjeux de plus en plus exigeants.

6) La complexité et l’interdépendance des compétences

Néanmoins, il ne suffit pas de décréter la mise en place de ce mode de management, il est indispensable d’accompagner son déploiement en lui donnant les moyens de sa puissance et en formant les collaborateurs concernés à s’approprier avec justesse, la poste du manager fonctionnel.

7) Un levier d’attractivité et de fidélisation

Avec cette vigilance, le management fonctionnel participe réellement à l’attractivité de l’entreprise, à l’engagement et à la fidélisation des salariés.

Management fonctionnel vs management hiérarchique: deux postures complémentaires

Les différences en termes de pouvoir, d’objectifs et de relations humaines 

Aujourd’hui, compte tenu de ce que j’ai évoqué plus haut, j’ai la certitude que pour la pérennité et la performance durable (parce que bénéfique à tous) de l’entreprise, il ne devrait plus y avoir qu’une seule différence entre le management hiérarchique et le management fonctionnel : celle de la nature du « pouvoir » managérial dont dispose le manager.

Le statut hiérarchique donne au manager un pouvoir « sur » le salarié, c’est-à-dire un pouvoir descendant qui permet, le cas échéant, d’exiger, d’imposer.
Le manager fonctionnel, lui, dispose – en s’appuyant sur les leviers efficients de ce management – d’un pouvoir « avec » l’autre pour atteindre des objectifs partagés, ou d’un pouvoir « pour » accompagner l’autre dans la réussite commune.

Il m’apparaît clairement que le pouvoir hiérarchique trouve maintenant essentiellement sa raison d’être dans les besoins d’arbitrage et/ou de prise de décision dont l’urgence ou l’enjeu ne peut pas passer par le consensus, et/ou de sanction disciplinaire.

Idéalement, il se positionne en support du management fonctionnel lorsque celui-ci se heurte à des freins qui résistent à la négociation et qui mettent en péril la réalisation des objectifs de la mission, ou à des comportements inadéquats au regard des règles de l’entreprise.

Cependant, exiger, imposer, ordonner, arbitrer, sanctionner, quand c’est nécessaire, devraient toujours se faire en donnant du sens, des explications – et non des justifications – dans le respect de l’intégrité psychologique de l’autre.

Un management hiérarchique solide et courageux est la fondation nécessaire au déploiement d’un management fonctionnel efficient, en phase avec les résultats attendus.

Le manager hiérarchique donne la légitimité dont a besoin le manager fonctionnel pour réussir sa mission.

Les points communs : le positionnement à l’autre

De plus en plus d’organisations comprennent l’urgente nécessité de requestionner leur mode de management hérité du passé afin qu’il réponde mieux aux contraintes du monde économique actuel et aux besoins et attentes des salariés, porteurs des compétences indispensables à la réussite collective.

Pour cela, comme nous l’avons évoqué, le management hiérarchique, dans son approche purement managériale, se superpose avec le management fonctionnel : il s’appuie sur le respect, la bienveillance, la compréhension de l’autre. Il utilise une communication authentique et efficiente.

Il accompagne la montée en compétences sans condescendance. Il aborde la relation à l’autre dans une logique d’interdépendance, de confiance et de responsabilité respective, où chacun va contribuer à la réussite partagée.

Son leadership et sa capacité à fédérer et à engager reposent plus sur ses compétences d’être relationnel que sur son statut hiérarchique.

Comment articuler les deux modèles au sein d’une même organisation

L’articulation des deux modèles de management découle avant tout de l’état d’esprit et de la volonté de la direction de l’entreprise.

Si le souhait est bien de laisser une place au management fonctionnel, avec ses avantages cités plus haut, l’équilibre entre ce management et le management hiérarchique va évoluer suivant le stade de développement dans lequel se trouve l’entreprise.

Le schéma simplifié ci-dessous éclaire les quatre stades de développement et l’équilibre management hiérarchique – management fonctionnel, qui évoluent suivant les caractéristiques et contraintes de chaque période.

Les leviers clés pour les managers fonctionnels pour mobiliser et engager

Les leviers puissants qui portent l’efficience du management fonctionnel respectueux sont essentiellement des savoir-être relationnels, enrichis de savoir-faire liés à la communication et à la négociation notamment.

Les principaux leviers relationnels

De manière non exhaustive, on peut citer :

  • L’exemplarité et la cohérence
  • La disponibilité
  • L’écoute
  • La bienveillance
  • La conviction à porter les sujets
  • L’humilité
  • La prise de recul
  • La capacité à instaurer un climat de confiance (confiance réciproque entre le manager et les collaborateurs, et entre les collaborateurs eux-mêmes)
  • Savoir comprendre l’autre et ses motivations à agir

La communication et la négociation relationnelle

Le manager fonctionnel doit également appréhender les bonnes pratiques d’une communication authentique et franche pour entrer en lien sincère avec l’autre (à ne pas confondre avec l’information).

Il doit maîtriser le maniement de la négociation relationnelle, qui induit une relation gagnant-gagnant avec l’autre.

Construire sa crédibilité sans statut hiérarchique

Mettre en œuvre à la fois ces qualités de savoir-être et les outils relationnels adéquats permet de construire la crédibilité du manager fonctionnel, remplaçant le statut hiérarchique qu’il n’a pas.

C’est cette posture qui va lui permettre de fédérer, d’engager, de responsabiliser et d’animer les collaborateurs autour de la réussite de la mission.

Le rôle de la hiérarchie dans l’autonomie du manager fonctionnel

Pour avoir l’autonomie nécessaire pour déployer cette posture et assumer ses responsabilités, le manager fonctionnel a besoin que sa hiérarchie lui en donne les moyens.

Qu’attend-il de son propre manager ?

  • De la légitimité donnée par un mandat clair, avec un ou des objectifs précis et réalisables (SMART)
  • Du sens à sa mission, pour pouvoir la porter avec conviction
  • De l’accompagnement et/ou du soutien le cas échéant

Conclusion

Nous le comprenons, le management est un art en soi et ne s’improvise pas. Il doit sans cesse s’adapter au contexte et au collaborateur managé. Le management fonctionnel ne fait pas exception à cela.

Bien utilisé par des managers qui avant tout aiment les gens, par des managers formés et accompagnés, le management fonctionnel est une réponse adaptée aux principales questions que se posent (ou devraient se poser) toutes les entreprises et organisations :

  • Comment attirer les talents dont l’entreprise a besoin pour performer et se pérenniser ?
  • Comment les fidéliser ?
  • Comment leur donner envie de mettre leurs compétences au service de la réussite commune ?

Le management fonctionnel, qui peut s’appuyer avec sérénité sur le socle hiérarchique, répond aux enjeux de complexité de l’entreprise d’aujourd’hui et de demain.